Considérant le statu quo intenable mais regrettant le choix binaire proposé le 2 avril, l’association propose d’adopter une démarche originale en deux temps.
La Ville de Paris organise dimanche 2 avril dans chaque arrondissement une « votation » pour solliciter l’avis des électeurs parisiens sur la question « Pour ou contre les trottinettes en libre-service à Paris ? » (en savoir plus).
Engagée de longue date
L’ADRAQH est mobilisée depuis l’origine sur l’enjeu du partage de l’espace public entre ses différents usagers et de l’insertion de nouveaux engins dits de « micro-mobilité urbaine ». Dès 2019, l’association avait soutenu l’action et la mobilisation de l’APACAUVI (Association Philanthropique d’Action Contre l’Anarchie Urbaine Vecteur d’Incivilités), une association de défense des victimes d’accidents de trottinettes, afin de lutter contre l’anarchie et pour la régulation des trottinettes électriques.
Elle a ensuite inlassablement plaidé pour l’élaboration et l’entrée en vigueur d’un « code de la rue » qui arme juridiquement les pouvoirs publics pour faire respecter et défendre les intérêts des piétons, usagers les plus vulnérables.
L’intenable statu quo
Depuis, la situation ne s’est pas améliorée. Certes, les trottinettes sont un mode de déplacement alternatif d’autant plus utile à Paris qu’il pallie la défaillance chronique des transports en commun. De fait, leur utilisation est massive. Avec 15 000 trottinettes opérées par Dott, Lime et Tier, 400 000 usagers uniques mensuels en 2022 et une croissance de +70% entre 2021 et 2022, Paris est devenue la capitale mondiale de la trottinette.
Mais leur utilisation est génératrice d’usages anarchiques et d’accidents graves. En 2022, 3 décès et 459 accidents corporels causés par des usagers de trottinettes électriques ont été déplorés sur la voirie parisienne, une hausse de +40% par rapport à 2021. Dans un rapport dédié de novembre 2022, l’Académie de médecine considérait que « l’accidentologie liée à leur utilisation est devenue un problème sanitaire majeur« , du fait du comportement des conducteurs et du manque de respect de la réglementation existante. Compte tenu des incivilités et des accidents, le statu quo n’est plus tenable.
En quête de nuance
Pour autant, l’alternative binaire « pour » ou « contre » proposée par la Ville de Paris n’est pas satisfaisante. Elle aurait mérité d’être nuancée et complétée d’une question sur le renforcement de la régulation. La Ville s’est-elle vraiment donné les moyens d’une régulation ambitieuse des usages ? Qu’en est-il de l’interdiction pour les mineurs de moins 16 ans, du port du casque obligatoire, du bridage à 10 km/h dans tout Paris ou de l’impossibilité technique d’utiliser une trottinette à plus d’un usager ? Qu’en est-il aussi d’une mobilisation générale de la police municipale pour renforcer les contrôles et les verbalisations ? Qu’en est-il enfin d’une campagne massive de communication pour faire évoluer les mentalités en sensibilisant les usagers ? L’interdiction ne devrait être qu’un ultime recours, une fois épuisées toutes les voies d’une régulation renforcée…
La votation organisée par la Ville de Paris oblige toutefois à prendre position et choisir. Faute de pouvoir nuancer dès maintenant, l’ADRAQH propose d’adopter une démarche originale en deux temps :
- en votant d’abord « contre » les trottinettes le 2 avril 2023, afin que les pouvoirs publics soient encouragés à envoyer aux opérateurs un message clair de fermeté et de détermination ;
- puis en appelant à réunir les conditions – juridiques, politiques, techniques – d’une régulation renforcée dans la perspective de l’organisation d’une seconde votation citoyenne, un an plus tard, en avril 2024, votation qui sera « confirmatoire » ou « infirmatoire », et à laquelle l’ADRAQH espère alors pouvoir voter « pour » des trottinettes enfin strictement régulées.