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Commerce à Paris Centre : de bons chiffres, un vécu plus nuancé

La rue Montorgueil dans le 2e arrondissement.

La Mairie de Paris Centre a organisé jeudi 11 janvier une réunion publique de présentation des résultats de deux études, l’une réalisée par l’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) sur le commerce parisien et de Paris Centre, l’autre menée plus spécifiquement par le cabinet JLL sur la vitalité commerciale de la rue de Rivoli.

Cette réunion s’est tenue dans la salle des fêtes de la Mairie, devant une centaine de personnes, en présence d’Ariel WEIL, Maire de Paris Centre, Nicolas BONNET-OULALDJ, Adjoint à la Maire de Paris en charge de toutes les questions relatives au commerce, à l’artisanat, aux professions libérales, aux métiers d’art et à la mode, et Dorine BREGMAN, Adjointe au Maire de Paris Centre en charge de la propreté de l’espace public, des commerces et de l’artisanat de proximité, de la vitalité économique et du tourisme.

Si les chiffres du commerce à Paris Centre sont bons, la réalité vécue par les habitants est plus nuancée.

Les bons chiffres du commerce à Paris Centre

Les chiffres du commerce à Paris Centre sont bons, à l’instar, du reste, des chiffres globaux pour les plus de 60 000 commerces et services commerciaux à Paris. Paris Centre bénéficie d’une très forte densité de commerces. Certains types de commerce y sont en hausse : le commerce alimentaire, la santé et le bien-être (onglerie, CBD…), la restauration (notamment les fast-foods), les activités médicales, la vente, la réparation et la location de vélos. D’autres y sont en baisse : l’équipement de la personne (prêt-à-porter, chaussure, bijouterie), les agences bancaires, les garages, concessionnaires et stations-service, le commerce de gros. Si la vacance commerciale a légèrement augmenté au lendemain de la crise sanitaire de la Covid, les emplois sont aussi en augmentation. Les réseaux commerciaux et les enseignes sont « en perte de vitesse« , particulièrement dans leurs secteurs de forte présence historique (chaussures, habillement, bijouterie, etc.), en raison notamment de la concurrence du e-commerce.

La rue de Rivoli est quant à elle une artère commerciale majeure de la capitale. Elle est performante et diversifiée – donc « résiliente » – avec au moins trois dynamiques de marché sur ses principaux tronçons : cadeaux et souvenirs sur le tronçon occidental des arcades, prêt-à-porter sur le tronçon central des Halles, cafés et restaurants sur le tronçon oriental jusqu’à la rue Saint-Antoine. Son taux de vacance a baissé, pour atteindre 5%. En mai 2023, sa fréquentation a atteint 15 millions de passants par an, venant parfois de loin, attirés par la qualité de l’environnement de la voie.

Un vécu plus nuancé pour les habitants

Le vécu du commerce à Paris Centre apparaît toutefois plus nuancé pour les habitants, ainsi qu’ont pu en rendre compte certaines des interventions des participants présents dans la salle. Pour eux, notamment, la « touristification » de l’activité économique dans le centre de la capitale est la cause d’externalités négatives pour leur vie quotidienne. Cette évolution contribue en effet à l’inflation des prix. Elle impulse un double mouvement commercial oscillant entre l’uniformisation de l’offre et sa spécialisation sur des « niches » de marché, y compris pour les commerces de proximité et de bouche.

Quoique les darkstores aient quasiment disparu – depuis que leurs locaux ont été qualifiés d’entrepôts et non de commerces – et que les drive piétons solos se développent à un rythme encore modéré, la livraison à domicile témoigne d’une « ubérisation » et d’une « airbnbisation » de l’économie et des modes de consommation. Enfin, Paris Centre compte plus du tiers des « façades fleuries » (111 sur 325) qui ornent désormais les bars et les restaurants dans la capitale.Plus largement, comme nous l’avons déjà analysé, cette « touristification » de l’activité économique dans Paris Centre impacte aussi la vie locale. La raréfaction de l’offre de logements en location de moyenne ou de longue durée augmente en effet les coûts moyens du loyer, générant un phénomène de gentrification et d’éviction des résidents locaux les plus modestes.

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