Par un arrêté du 7 mai 2020 modifiant à titre provisoire les conditions de circulation rue de Rivoli, principalement motivé par la considération selon laquelle “l’usage des cycles et engins de déplacement personnels motorisés est de nature à limiter la concentration des personnes dans les transports en commun et dès lors de contribuer aux différentes mesures de distanciation sociale”, la Maire de Paris a décidé de réserver la rue de Rivoli aux piétons et aux vélos à compter du 11 mai et le temps du déconfinement progressif.
Précisément, pour la portion Châtelet-Concorde qui concerne le 1er arrondissement, 1/ la voie habituellement réservée aux bus et aux taxis devient une “voie mixte” dédiée aux bus, aux taxis, aux livraisons, aux commerçants, aux artisans, aux personnels soignants, aux véhicules de secours, des personnes handicapées et des riverains, 2/ la voie centrale devient un “axe vélo” et 3/ la piste cyclable bidirectionnelle existante demeure. Le contrôle des accès est assuré par des barrages filtrants tenus par le personnel de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP) de la Ville de Paris.
Si les différentes composantes de la majorité municipale et les associations de cyclistes se félicitent de la mesure, les oppositions de la droite et du centre et les associations d’automobilistes dénoncent une méthode autoritaire et soupçonnent la Maire de Paris d’instrumentaliser la sortie de crise sanitaire pour mieux avancer ses pions électoraux en donnant des gages aux écologistes avant le 2nd tour des élections municipales.
Quid des associations locales de commerçants ? Tant du côté de l’Association des Commerçants Louvre Rivoli (ACLR) présidée par Gaëlle Chamoun que du groupement d’intérêt économique des commerçants du Forum des Halles présidé par Emile Sebbag, on oscille entre le mécontentement face à une nouvelle contrainte pour accéder au centre de Paris et la crainte d’un “assèchement” de la clientèle qui pourrait en résulter. Les véhicules des clients potentiels sont en effet désormais interdits de circulation rue de Rivoli, ce qui complique l’accès aux zones de stationnement dans les rues alentours …
Si l’ADRAQH s’interroge elle aussi sur la méthode, nous accordons toutefois à ce stade le bénéfice du doute aux autorités dans les circonstances actuelles. En revanche, nous adressons trois demandes à la Mairie de Paris :
- d’abord, qu’elle assure et fasse respecter la sécurité des traversées pour le piéton, usager le plus vulnérable de l’espace public qui doit être – là comme ailleurs – prioritairement protégé ;
- ensuite, que l’aménagement soit strictement provisoire et que la circulation générale “ante-Covid” soit rétablie dès la sortie de l’état d’urgence sanitaire ;
- enfin, que l’ADRAQH soit associée et concertée pour tout nouveau projet d’aménagement qui serait éventuellement envisagé ultérieurement d’une façon plus durable.